Angleterre : bientôt 9.000 livres sterling (10.030 euros) annuels pour des études universitaires

Le coût des études universitaires en Angleterre dès la rentrée 2012-2013.


L’annonce du triplement des frais d’inscription à l’université dès la rentrée 2012-2013 par le gouvernement anglais explique l’empressement de nombreux étudiants à entrer à l’université dès la rentrée 2011-2012.


La rédaction avec la participation de Julie Hammett
29 Juin 2011 09:44

Un soulagement pour les étudiants français qui viennent de terminer leurs études en Angleterre, des craintes pour ceux qui comptent y faire leurs études dans les prochaines années : le gouvernement britannique a décidé de doubler, voire tripler, les frais d’inscription à l’université en Angleterre, et ce dès le mois de septembre 2012. Actuellement de 3.290 livres sterling (3.686 euros), les frais d’inscription pour les étudiants britanniques et les étudiants ressortissants de l’Union Européenne, atteindront dans bien des cas, la somme vertigineuse de 9.000 livres sterling (10.030 euros) par année d'étude. Explications et témoignages sur Paris Tribune.fr .

Des dizaines de milliers d’étudiants et professeurs sont descendus dans les rues de Londres en novembre et décembre 2010, pour manifester leur mécontentement. Bien que globalement pacifiques, les manifestations ont connu quelques débordements, certains étudiants réussissant à pénétrer les enceintes du QG du parti conservateur, situé non loin du Parlement de Westminster, après en avoir cassé les vitres. Certains directeurs d’universités n'ont pas non plus hésité à indiquer au gouvernement qu’il commettait une grave erreur.
Cela n’a pas suffi à faire céder le gouvernement de coalition, établi en mai 2010, moteur d'une réforme faisant partie d’un plan d’austérité particulièrement sévère, consistant à enrayer la totalité du déficit public dans les cinq prochaines années. Le déficit public britannique a atteint 10.4% du PIB en 2010, un taux largement supérieur au seuil de 3% fixé par les critères de Maastricht. Parmi les mesures prises : la réduction de 40% des dépenses budgétaires destinées à l’éducation supérieure ; en revanche, aucune diminution, par exemple, du budget de la Défense.
Face à l’insatisfaction des anglais, le premier ministre David Cameron (parti conservateur, plus communément appelé les "tories"), et le vice premier ministre Nick Clegg (parti libéral-démocrate), longtemps opposé à de telles mesures et accusé d’avoir retourné sa veste, sont restés de marbre.
Le campus de la University of Kent, Canterbury, forte de 16.000 étudiants. Photo : Julie Hammett.

Une dette maximale de 44.540 € pour chaque futur diplômé

Dès la rentrée 2012-2013, il appartiendra donc aux étudiants de combler la baisse de prise en charge de l’éducation par le gouvernement anglais.
Comment vont-ils financer de telles sommes ? Contrairement à la France, où ce sont les banques qui octroient des prêts aux étudiants pour payer leurs études, le financement des études fonctionne différemment outre Manche, où le gouvernement anglais lui-même accorde des prêts aux étudiants anglais et à ceux ressortissant de l’Union Européenne. Ces derniers commenceront à rembourser leurs prêts dès que leurs revenus annuels équivaudront à 21.000 livres sterling (23.387 euros). La grande majorité des étudiants anglais arrêtant leurs études après la licence, la note pour trois années d’études s’annonce particulièrement salée, car le coût de la vie est également à prendre en considération.
Les étudiants quitteront donc l’université avec des dettes considérables, pouvant parfois atteindre 40.000 livres sterling (44.540 euros), estime le journal anglais The Telegraph. "Ceci pourrait dissuader les plus pauvres d’aller à l’université", déplore le journal The Courier qui parle d'"une vraie tragédie pour la société et l’économie".
Conséquence de l'augmentation des frais d'inscription, les universités prévoient une baisse de candidatures pour la rentrée 2012-2013. Le Professeur Steve West, vice-président de la University of West England (Bristol) anticipe une baisse de 15% des candidatures à son université en septembre 2012.

Rush sur l'université dès la rentrée 2011-2012

Du côté des futurs étudiants, la plupart des terminales britanniques s’empressent d’entrer à l’université en septembre 2011 et abandonnent leurs projets d’année sabbatique, ce que beaucoup d’étudiants britanniques font habituellement en sortant du lycée.
Jeune étudiante britannique en première année à la "University of Kent" (Canterbury), Ashleigh Turner s’est montrée prévoyante : "Je suis entrée à l’université en septembre dernier", confie-t-elle à Paris Tribune, "je devais initialement faire une année sabbatique avant d’entrer à l’université, mais le gouvernement commençait déjà à parler d’une augmentation considérable des frais d’inscription dans les prochains mois. J’ai donc changé mes plans à la dernière minute, et décidé de commencer directement mes études en septembre 2010, avant que la loi ne passe". Ashleigh Turner a ainsi pu économiser environ 7.200 euros, une somme de moins à rembourser en entrant sur le marché de l'emploi à la fin de ses études.
Et elle n’est pas la seule dans ce cas. Selon la BBC, le taux de participation aux cours de révision des "A Levels" (l'équivalent du baccalauréat en France) a largement augmenté durant les vacances de Pâques 2011, dans le comté de Oxfordshire. Ces lycéens veulent s’assurer de réussir les A Levels, et donc de rentrer à l’université en septembre 2011, avant que la réforme du gouvernement ne soit définitivement établie à la rentrée 2012-2013. Une année d'études au prix actuel, avant l'application des nouveaux tarifs, cela compte dans un budget. Les universités britanniques ont elles aussi remarqué une hausse du nombre des dossiers de candidature en 2011. C’est notamment le cas de la Oxford Brookes University (Oxford) où le nombre de dossiers reçus a augmenté de 23% en 2011 par rapport à l’année précédente, toujours selon la BBC.

Avec des frais de scolarisation qui passent de 3.290 livres sterling (3.686 euros) à 9.000 livres sterling (10.030 euros) par année d'études, l’éducation supérieure anglaise n'aura jamais été aussi inaccessible.


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