Christine Lagarde, du gouvernement au conseil de Paris en passant par le FMI, part à la BCE

Christine Lagarde de 2007 à 2019.


Un nouveau challenge pour cette passionnée de plongée sous-marine.


3 Juillet 2019 03:15

Rétrospective

La ministre française des Finances, Christine Lagarde s'entretient avec le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, avant que Nik Gowing, de la BBC, anime en direct un "débat mondial spécial" au Centre des congrès d'Istanbul - octobre 2009 © img.org Domaine public.
Dominique Strauss-Kahn vient de démissionner de son poste de directeur général du FMI en mai 2011 quand Christine Lagarde accepte le poste fin juin. Juste avant la séance de juillet du conseil de Paris où elle siégeait peu, elle prévient le Maire de Paris et démissionne de son mandat d'élue locale.

Nommée, suite à un consensus, à la tête du FMI, Christine Lagarde n'est plus une élue du 12e arrondissement de Paris où elle avait été élue en 2008 sur la liste menée par Jean-Marie Cavada. Gérard Rey prend sa place au conseil d'arrondissement et au conseil de Paris. L'ex-élu PS du 12e rejoint la liste UMP - Nouveau Centre, faute d'avoir été investi par le PS parisien qui lui reproche son âge (55 ans) et d'avoir fait deux mandats.

A cette époque, l'ex-avocate d'affaires est membre du gouvernement suite à l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République en mai 2007 : Ministre déléguée au Commerce extérieur (pendant presque deux ans), puis à l'Agriculture et à la Pêche (pendant un mois), et enfin Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie pendant quatre années pleines.

Côté pile, on retient de son action à la direction générale du Fond Monétaire International la reconnaissance de l'économie chinoise et de sa monnaie - en dépit d'une politique de change plutôt opaque. Le yuan devient en 2015 une devise reconnue par le FMI, après l'euro en 1999. Il peut être utilisé comme devise en cas de prêt octroyé à un Etat. En 2016, le candidat à la Maison-Blanche Donald Trump affirme qu'il révèlera "comment la Chine manipule sa devise". La Chine, communiste et libérale à la fois, dévalue sa monnaie quelques mois plus tard et renforce sa mainmise sur des filières économiques (téléphones portables, voitures électriques, etc) grâce notamment aux richesses minières exploitées au Tibet, le pays voisin riche en ressources naturelles qu'elle occupe et pille depuis 1949.

L'autre action emblématique de Christine Lagarde consiste en l'ouverture du FMI aux pays émergents, ce que refusait d'accorder, dans les faits, le Congrès américain à majorité démocrate. Les Etats-Unis sont le premier actionnaire du FMI et la crédibilité de l'institution est atteinte. Avec l'entrée des BRICS (Brazil, Russia, India, China, South Africa, environ 40 % de la population mondiale), les cartes sont rebattues. La Chine, devenue deuxième puissance économique mondiale, dispose d'environ 4 % des droits de vote au FMI, soit légèrement plus qu'un pays européen comme l'Italie, à l'économie cinq fois moindre qu'elle.

Côté face, Christine Lagarde est mise en examen pour "négligence" par la Cour de justice de la République (CJR) en 2014. Elle est déclarée coupable en 2016, mais dispensée de peine, sans inscription à son casier judiciaire. En cause, un arbitrage, rendu en juillet 2008 alors qu'elle était Ministre de l'Economie, prévoyait le versement par l'Etat de 403 millions d'euros à Bernard Tapie dans l'affaire l'opposant depuis 1992 au Crédit lyonnais pour la vente d'Adidas qu'il a contribué à redresser, afin, étant devenu Ministre sous François Mitterrand, d'éviter tout conflit d'intérêt avec sa nouvelle fonction.

En acceptant de prendre les rênes de la Banque Centrale Européenne (BCE), Christine Lagarde va devoir laisser les dollars, yens, livres sterling et autres yuans pour se consacrer à la monnaie européenne afin de mettre en œuvre une politique économique et monétaire à l'échelle de l'Union Européenne. Son principal objectif sera d'assurer la stabilité des prix et de trouver des solutions pour soutenir la croissance économique et la création d'emplois ; ce qu'en France le président Emmanuel Macron et le gouvernement d'Edouard Philippe n'ont pas (encore) réussi à faire.

 






Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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