Débat autour du réaménagement des Halles

Première Tribune


Lancé en 2002, le pharaonique projet de réaménagement des Halles entre dans une seconde étape avec le lancement d’une enquête publique. La réunion du 22 juin au gymnase Suzanne Berlioux du Ier arrondissement permet à la commission d’enquête de prendre conscience de l’importante opposition des riverains.


Fabien Nizon
24 Juin 2009 13:08

Environ 600 personnes sont réunies au cœur même du forum, dans le gymnase Suzanne-Berlioux pour s’informer et donner son avis sur le réaménagement des Halles.

Cette réunion entre dans le cadre d’une grande enquête publique dirigée par Jean-Marie Thiers (retraité officier supérieur de l’armée de terre). Elle a pour objet d'informer le public et de recueillir ses appréciations, suggestions et contre-propositions.

Il s’agit d’un préalable obligatoire à la déclaration d'utilité publique du projet d'aménagement du quartier des Halles. Une fois le sésame obtenu, la Mairie de Paris peut s’approprier les espaces privés du Forum des Halles et ainsi mettre en œuvre ses ambitions.

Après un premier constat - « aujourd’hui, le forum des Halles comme il est construit est un endroit raté, sale et sombre »- une vidéo présente les grands objectifs de la rénovation. Il faut « ouvrir, équilibrer, valoriser » la place. Dès la qualification du jardin comme un endroit qui a « mal vieilli », une certaine hostilité s’installe entre l’auditoire et la tribune. « Propagande ! », « le jardin il fallait l’entretenir ! » lance une personne du public.
Le maire du 1er, Jean-François Legaret, ouvre la réunion

Rapidement, la tension monte sur de nombreux points du projet. Le coût : 656 millions pour l’intégralité des travaux dont 500 millions payés par la mairie de Paris. « Vous trouverez ces détails dans le dossier d’enquête public » explique alors l'un des rapporteurs de l’Hôtel de Ville. Bien sûr il serait étonnant que ce chiffre ne gonfle pas rapidement.

Le devenir de la place René-Cassin est aussi en question. De nombreux riverains y sont très attachés. Sans réponse claire de l’architecte urbaniste Jean-Marc Fritz : « elle ne disparaît pas, nous réfléchissons à la préserver dans son état d’esprit ».

La durée des travaux, la sécurité ainsi que la canopée, sorte de carapace en verre dénoncée par Sylvain Garel (élu Vert du 18ème arrondissement) comme ne « constituant pas une priorité face au logement social et aux transports en commun » entre aussi dans le débat. Mais c’est l’aménagement du futur jardin qui réunit le plus d’opposition.
La seule réunion publique organisée par la Mairie de Paris a réuni beaucoup de monde des 4 arrondissements concernés par le chantier des Halles

Une grande partie de la salle ne comprend pas l’intérêt de détruire un jardin qui arrive à maturité. Réponse fuyante du rapporteur de la mission des Halles pour la ville de Paris, Alexandre Fremiot : « l’important n’est pas de se demander qu’est ce que l’on va détruire ou garder, mais ce que l’on va créer ».

La reconstruction de ce jardin est le cheval de bataille de l’association « Accomplir » opposée à un « jardin-esplanade ». Arrivent alors trois membres de l’association. Ils viennent remettre au commissaire enquêteur une banderole « défense de détruire » signée par les riverains lors de leur manifestation du samedi 20 juin contre ce projet.

Ils s’inquiètent aussi du lancement par la ville d’une étude sur « le caractère métropolitain de l’espace public des Halles », qui « centré sur les besoins des métropolitains en matière d’animations sur l’espace public, risque de faire l’impasse à la fois sur les problèmes de sécurité et sur le risque de nuisance supplémentaire pour les riverains ».

Face à des riverains clairement hostiles, le but d’écoute et de recueil de la commission d’enquête devient alors secondaire. Il s’agit maintenant pour elle de convaincre de l’importance du projet quitte à s’en tenir à un simulacre de concertation jusqu’à la fin de l’enquête publique le 17 juillet.


Lire l'article du 2 avril 2010 sur le vote du chantier des Halles Jardin des Halles : Jean-François Legaret jette l'éponge.
L'Hôtel de Ville déploie tous ses efforts pour faire accepter son projet



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