Députés, maires et personnalités françaises de retour de Gaza

Huitième Tribune


Témoignages devant la presse française et étrangère au Grand Palais.


26 Janvier 2009 19:52

Après un délai d’attente de 24 heures au terminal de Rafah pour entrer dans Gaza, la délégation, conduite par M. Fernand Tuil, co-président de l’AJPF (Association Jumelages France – Palestine qui depuis plus de vingt ans organise des jumelages de solidarité entre les camps de réfugiés palestiniens et des villes françaises), et comprenant notamment M. Marc Everbecq, maire de la ville de Bagnolet, M. Alain Blanchard, Vice-président du Conseil général de l’Oise, M. Patrick Braouezec, Député de Saint-Denis, M. M’hammed Henniche, Secrétaire général de l’Union des associations de musulmans du 93, M. Patrick Le Hyaric, Directeur de l’Humanité, et M. Francis Wurtz, Député européen et Président du groupe de parlementaires européens GUE, la délégation française a pu rencontrer les membres de l’agence de l’ONU chargée de l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), évaluer les destructions provoquées par l’armée israélienne et recenser les besoins de la population palestinienne.
Des parlementaires français de retour de Gaza

A leur arrivée à Gaza, c’est le choc ou plutôt l’horreur. Tous les témoignages recueillis par la délégation indiquent l’acharnement de l’armée israélienne sur les civils gazzaouis pendant l’opération Plomb durci menée du 27 décembre au 18 janvier : l’armée utilisant des armes chimiques interdites, se servant des familles palestiniennes comme d’un bouclier, n’hésitant pas à tuer méthodiquement les membres d’une même famille sous les yeux d’un père, d’une sœur, d’un grand-père, l’armée encore indiquant aux populations des endroits sûrs où se réfugier avant de détruire ces mêmes refuges, l’armée toujours dont les chars écrasent les ambulances venues au secours des blessés, l’armée toujours qui aplanit les restes des immeubles bombardés sans se soucier des éventuels survivants prisonniers sous les décombres…. La liste des atrocités est longue, toutes seront vérifiées mais le nombre est trop important pour laisser penser à une manipulation, tiennent à préciser les membres de la délégation.
A la question posée de savoir si le fait de combattre le Hamas justifie le massacre d’innocents, M. Fernand Tuil répond par la négative et veut croire que tous les palestiniens, de Cisjordanie de Gaza et de la diaspora, sont profondément unis et indivisibles. Et de rappeler que les palestiniens qui ont déjà tout donné à Israël, jusqu’à 78% de leur territoire, ne donneront jamais la seule chose qu’il leur reste : leur dignité.

Si l’horreur est bien là, si cette affaire ne restera sans doute pas impunie (suite à la mobilisation internationale sans précédent de la rue et à l’annonce de la création d’une commission internationale pour juger Israël, les services secrets israéliens auraient interdit aux militaires et au ministre de la défense en personne de se rendre en Europe au cas où un mandat d’arrêt serait émis à leur encontre) il subsiste une question, qui n’a pas pu être abordée pendant la conférence de presse, par manque de temps : à qui profitent ces crimes ?

-Pourquoi l’Opération Plomb durci a-t-elle eu lieu avant que Barack Obama ne devienne président des Etats-Unis ?
-Pourquoi l’Opération Plomb durci a-t-elle eu lieu au moment où le mandat du Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas prenait fin ?
-Le Hamas tirait des roquettes de type Grad dont la précision, aux dires des spécialistes, est aléatoire : pourquoi Israël a-t-il cherché à détruire un arsenal jugé peu dangereux ?
-Pourquoi l’opération Plomb durci n’a-t-elle provoqué aucune riposte de la part des ennemis d’Israël ?
-Pourquoi aucun allié des Palestiniens n’a-t-il défendu Gaza ?

En dépit d’une commission d’enquête internationale, l’Opération Plomb durci risque donc de ne pas livrer tous ses secrets. Israël a certes perdu la bataille des images et le Hamas en sort renforcé mais cela ne semble guère inquiéter les autorités israéliennes.
Il semble que l’offensive contre le Hamas à Gaza ait plutôt servi à envoyer un message aux ennemis d’Israël, au détriment des palestiniens (et des israéliens eux-mêmes). Si cela s’avère exact, le droit à vivre en paix en Palestine semble compromis à jamais.


Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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