Elections du Président de l’Assemblée Nationale le 26 juin 2012

Retour sur les rudes batailles 2012 pour la conquête du "perchoir".


Claude Bartolone choisi par le groupe socialiste assuré d’être élu.


26 Juin 2012 15:00

Claude Bartolone prend son envol pour saisir le perchoir. Les députés élisent le Président de l’Assemblée Nationale cet après-midi, mardi 26 juin 2012 à partir de 15h, lors de la première séance de la XIVe législature.

Les 577 députés seront sans doute présents pour cette séance solennelle dans l’hémicycle où chaque député monte à la tribune pour voter au scrutin secret. Mais le résultat est acquis.

Le groupe socialiste de l’Assemblée Nationale détient la majorité absolue des élus. Claude Bartolone, député de la Seine Saint Denis, a été désigné pour être candidat au nom du groupe. Sauf énorme surprise, son élection est acquise dès le premier tour de scrutin. Un vote et, quels que soient les autres candidats, Claude Bartolone conquiert le "perchoir".

Le perchoir, quel drôle de nom

Quel nom curieux le "perchoir" pour désigner la Présidence de l’Assemblée Nationale. Pour le dictionnaire de l’Académie française, c’est "Le bâton ou l'ensemble des bâtons où l'on fait percher les oiseaux".

Est-ce alors la place réservée au député qui prend son envol ? Mais, le Palais Bourbon ayant abrité depuis le Directoire la chambre basse des différents régimes politiques, est-ce la place du coq, coq gaulois, coq français, symbole des français ? Certains persiflent-ils que c’est le lieu où se perche le chef de la basse-cour ?

Est-ce lié aux séances houleuses pour les questions au Gouvernement, où l’ambiance est celle d’une volière agitée et où, dans le charivari, on perçoit des cris d’animaux ? Ce serait une bien mauvaise pensée et puis, pour la basse-cour, le coq, se pose sur un "juchoir".

La vérité est autre. En langage parlementaire, le "perchoir" est le nom donné à la Tribune où s’assied le Président de l'Assemblée nationale au sein de l'hémicycle pour présider et diriger les séances. La position du Président est élevée, de son fauteuil, il domine l'ensemble de la salle des séances En l’absence du Président, le perchoir est occupé par le Président de séance, l’un des Vice Présidents de l’Assemblée. Et le perchoir est un lieu chargé d’histoire.

Que de joutes parlementaires depuis le 21 janvier 1798, date de l’inauguration du premier hémicycle du Palais Bourbon. Doté de 500 places, conçu par les architectes Gisors et Lecomte pour abriter le Conseil des Cinq-Cents, modifié au cours du temps, seuls sont conservés intacts : la tribune de l'orateur et le bureau du Président. L’un de ses plus célèbres occupants est Lucien Bonaparte du 23 octobre au 12 novembre 1799.

Rudes batailles en 2012 pour le perchoir

Rarement, le combat politique n’a été aussi mouvementé pour devenir Président de l’Assemblée Nationale, 4e personnage de l’Etat après le Président de la République, le Président du Sénat et le Premier Ministre.

Ségolène Royal, candidate battue aux primaires socialistes pour l’investiture du PS en 2012 et ancienne candidate aux élections présidentielles en 2007, pensait que cette place lui revenait. François Hollande, Président de la République et père de ses enfants, lui avait promis. Plus, il lui marque son soutien personnel pour sa profession de foi électorale lors du deuxième tour des élections législatives du 17 juin 2012, démarche inhabituelle.

Jean-Marc Ayrault, nouveau Premier Ministre, lui donne son accord pour qu’elle soit au perchoir. Mais voilà, Ségolène Royal n’ignorait pas que même appuyée par les plus hautes autorité de l’exécutif, avant de concourir à la présidence de l’Assemblée Nationale, il faut en être membre : "Ce n'est pas une nomination, il faut d'abord que je sois élue et il faut ensuite que les députés votent. Je ne peux pas m'autoproclamer présidente de l'Assemblée nationale".

La nouvelle compagne du Président de la République, Valérie Trierweiler née Massonneau, bouleverse le projet de l’ancienne, avec un militant socialiste local opposé au parachutage de Ségolène Royal dans la ville de La Rochelle, historiquement rebelle au pouvoir royal, au pouvoir central.

Les électeurs appliquent à la Présidente de la région Poitou-Charentes la méthode qu’elle appelle de ses vœux depuis des années, la démocratie participative, être associé aux décisions qui les concernent, mais à son détriment. Sèchement battue aux législatives, Ségolène Royal doit dire adieu au perchoir.

La route devient libre pour les députés socialistes élus pour briguer la Présidence de l’Assemblée Nationale. Quatre anciens ministres déclarent leur candidature : un député de Paris, deux députés de Seine Saint-Denis et un député de province, des Hautes-Pyrénées.

C’est ainsi que le jour du solstice d’été, le 21 juin 2012, Daniel Vaillant, Elisabeth Guigou née Vallier, Claude Bartolone et Jean Glavany s’affrontent fraternellement au sein du groupe socialiste.

Sur 258 votants, Claude Bartolone obtient 127 suffrages devançant Jean Glavany, Elisabeth Guigou et Daniel Vaillant qui recueillent respectivement 59, 50 et 22 voix.

Jean Glavany retire alors sa candidature et Claude Bartolone est désigné par les socialistes pour le perchoir par acclamation. Claude Bartolone confie alors ; "C’est un moment d’émotion, (…) Lorsque vous savez ce que représente pour tous les amoureux de la République l'Assemblée nationale, le Parlement, lorsque l'on connaît les grands présidents de l'Assemblée nationale que cette maison a connus, c'est un honneur et j'espère que j'en serai digne". Enfin, il s’engage à ce que l’opposition soit "reconnue et totalement à sa place".

Le Président convoquera les députés en session extraordinaire du 3 juillet au 2 août 2012 pour démarrer véritablement le travail de l'Assemblée Nationale.


Articles :
- 26 juin 2012 : Claude Bartolone devient Président de l’Assemblée.
- 13 juin 2012 : Les 2 tweets les plus célèbres de Valérie Trierweiler.


Mots-clés de l'article : assemblée nationale claude bartolone

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