Il n’y a pas plus obstiné qu’un chercheur

Cinquième Tribune


Une douzaine de personnes ont formé une ronde, celle des Obstinés devant l’ancienne Ecole Polytechnique, 1 rue Descartes.


19 Janvier 2010 11:17

La réforme de l’Enseignement supérieur et de la Recherche menace-t-elle le métier de chercheur ? Pour René B. la réponse ne fait aucun doute : l’Etat se désengage des universités bien qu’il prétende le contraire ; l’ouverture des universités aux capitaux privés risque de conduire à leur privatisation ; la fuite des cerveaux français à l’étranger va se poursuivre.

Inquiet pour l’avenir du statut d’enseignant-chercheur, fonctionnaire public de catégorie A avec la sécurité de l’emploi et une bonne retraite à la clé, il a conscience de faire partie des privilégiés qui ont pu se consacrer, et à leurs étudiants, et à leurs travaux de recherche. Il demande l’abrogation de la loi Pécresse.
 
La Fontaine de la place Descartes

Le mouvement de ces obstinés est parti de l’Université de Paris VIII à Saint-Denis, héritière de la Faculté de Vincennes après les événements de mai 1968. Chaque mois depuis bientôt 2 ans, ils organisent à Paris une ronde de protestation pacifique : la fameuse Ronde des Obstinés, au début place de l’Hôtel de Ville, puis Place du Panthéon et depuis hier, rue Descartes.

Ils contestent ici la loi relative aux libertés et responsabilités des universités, dite loi LRU ou loi Pécresse, publiée au JORF en août 2007. Depuis cette date, elle permet aux universités, entre autres de gérer 100% de son budget contre 25% auparavant. De 2009 à 2010, 39 universités, 2 universités de technologies et 2 écoles sont devenues autonomes.
 
1 heure dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, 1 heure dans le sens des aiguilles

Comment expliquer que les chercheurs n’aient pas senti le vent tourner ? Pourquoi n’ont-ils pas anticipé le mouvement ? Est-il vrai que, trop absorbés par leur travail, ils ne se sont pas réformés de l’intérieur ? Lorsque les Etats généraux de la Recherche sont lancés, il est trop tard : le politique tient peu compte de leurs avis, jugés corporatistes.

« Les abus existent dans toutes les professions » explique René B. qui défend « une profession d’enseignant-chercheur qui permet de se consacrer aux étudiants et à la recherche. Avec un critère : publier les résultats de ses travaux dans les revues ad hoc. » Alors qu’il participait au développement d’un enseignement public de qualité, René B. 65 ans, chercheur en biologie à la retraite de l’Université Paris VI, ne comprenait pas pourquoi le titre officiel de son métier changeait tous les ans.

Maintenant oui : sans doute l’un des signes annonciateurs du changement.
 
Plus haut dans la rue, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche



Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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