Initiation à l’art contemporain dans la crypte de la Madeleine

Huitième Tribune


Un trésor caché sous l’église de la Madeleine.


Ghislain Fornier de Violet
27 Aout 2009 19:21

« Aucune œuvre ici n’est disposée au hasard, tout a un sens » annonce Pascal Payen, commissaire général de l’exposition, en nous faisant pénétrer dans la salle Résurrection des « Stèles de la création ». Exposition, ou plutôt « conversation » comme l’appelle M. Payen. La sculpture Terre Mère fleurs immortelles de l’artiste mexicaine Marisa Quilès a attiré en 2004 l’attention de l’Inspection générale de la création artistique, et de l’Etat comme potentiel acquéreur. Quels sont donc les attraits de cette œuvre pour susciter l’intérêt des plus hautes sphères ?

Une sacralisation de la Nature

Stylistiquement, la statue est un mélange surprenant de constructivisme et de primitivisme inca. L’influence précolombienne, chère à une artiste très attachée aux civilisations aborigènes, se retrouve dans le sourire énigmatique du visage, typiquement inca, non sans évoquer une sorte de Joconde amérindienne. Mme Quilès confère néanmoins à ce sourire une touche de lumière, pour éviter l’aspect souvent mortifère des statues précolombiennes. Cette déesse-mère se veut une célébration de la vie et de l’amour.

L’abdomen et le bassin, très féminins, sont comme encastrés dans un manteau qui évoque le tronc d’un arbre, symbole des racines de la vie. A la fois féminine et virile, la statue se plante en allégorie de la Nature sacrée, source de la Fécondité pour les indiens d’Amérique latine. Réalisée sur une base de polystyrène, et recouverte de poudre de marbre et de pigments naturels, l’œuvre n’est composée que de matériaux reconvertibles. La sculpture fait ainsi la synthèse de la sacralisation primitive de la Nature et de notre sensibilité écologique contemporaine.

Statuaire et spiritualité

« Pour la première fois, des statues aux bras démarqués du corps furent réalisées à l’époque des débuts de la démocratie athénienne » nous explique Marisa. Et l'artiste de pointer du doigt cette déesse-mère qui vous tend les bras, comme une invitation à l’étreindre. Le milieu du corps, de facture très classique, en contraste avec le reste de la statuaire, exprime le mélange des cultures, source d’enrichissement. Divinité cosmopolite et universelle pour Marisa Quilès, l’œuvre se veut une synthèse des styles artistiques et des valeurs spirituelles des civilisations mondiales. La statue a beau vous tendre les bras, toucher avec les yeux s’avère suffisant pour saisir toute la force du style et la profondeur philosophique de l’œuvre.

Affaire à suivre

Ecologique, contemporaine, spirituelle, ancrée aussi bien dans le passé que dans le présent, l’œuvre de Mme Quilès dispose effectivement des atouts pour séduire les férus d’art moderne et les autorités compétentes en la matière. La conversation « les Stèles de la Création » s’achevant demain, après 73 000 visites comptabilisées en 2 mois 1/2, les écumeurs de représentation artistique pourront découvrir l’œuvre de Mme Quilès à la Mairie du 8ème, où elle sera exposée prochainement.



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