Jean-Pierre Lecoq accusé de mentir

Mécontentement et brouhaha dans l'assistance lors du Comité d'initiative et de consultation d'arrondissement (CICA) le 23 octobre 2012.


Les associations, commerçants et habitants du 5e et 6e arrondissement assistant au CICA écoutent atterrés le maire du 6e arrondissement déclarant le contraire de ce qu'ils avaient compris.


26 Octobre 2012 13:00

Jean-Pierre Lecoq a-t-il manipulé les commerçants, les habitants et une association du 6e arrondissement ? Le maire du 6e arrondissement déclare "Eh non !" à une commerçante brandissant une lettre signée du maire en s'exclamant "c'est écrit !"

Animation au CICA

Brouhaha dans la salle des mariages de la mairie du 6e arrondissement lors du Comité d'initiative et de consultation d'arrondissement (CICA) le 23 octobre 2012.

Le sujet de mécontentement : "l'autorisation temporaire de 3 mois" accordée par la Mairie de Paris à une baraque de vente de sandwichs installée sur la Place Saint-Michel.

Le hic : dans une lettre signée par Jean-Pierre Lecoq adressée le 12 juin 2012 à André Minos, président de l'association "Comité de défense des habitants et travailleurs du quartier latin et de ses environs 5e et 6e", le maire du 6e arrondissement écrit "(...) Sur ces trois points, une lettre de mise en demeure a été adressée au concessionnaire qui, dans un premier temps, ne bénéficie que d'une autorisation temporaire de trois mois. S'il n'apportait pas une réponse satisfaisante à ces trois points, son autorisation ne sera pas renouvelée (...)"

André Minos est à la tête de l'association "Comité de défense des habitants et travailleurs du quartier latin et de ses environs 5e et 6e" depuis sa création il y a 32 ans dans le 6e arrondissement.

Lors du CICA consacré à la présentation de la nouvelle commissaire centrale du 6e arrondissement, Stéphanie Biundo, et du prochain Centre d'Animation au 76 bis rue de Rennes, le président de l'association intervient au sujet de la légalité de l'installation place Saint-Michel et s'adresse au maire :

"Le 1er juin est arrivée une baraque devant la fontaine Saint-Michel (...) en 32 ans nous avons vu tous les problèmes, nous avons eu Monsieur Decaux et maintenant nous avons Monsieur Campion (...) Non seulement sur le plan esthétique c'est contestable et sur le plan commercial aussi. Nous avons protesté auprès de vous et vous nous avez répondu le 12 juin 2012 (...) il y a 3 contraintes à respecter : la couleur marron a été remplacée par du vert, (la baraque) doit être retirée tous les soirs, ce qui n'est pas le cas, et sur la nature des produits (...) la baraque est toujours là (...) est-ce qu'elle va rester à demeure ? Notre association se préoccupe de la vie dans l'arrondissement (...) Si la baraque est encore là dans 1 an, les illuminations de cette année seront les dernières !"

Jean-Pierre Lecoq : "Il a parfaitement résumé la situation. Monsieur Franchitto a été choisi sur 50 candidats (...) Le 2e appel à projet place Saint André des Arts a été retiré (...) comme il ne respecte pas 2 des 3 conditions (...) il a été repeint en vert (...) comme il reste le soir et que la nature bio (des produits) n'est pas affirmé (...) il a été mis en demeure et on essaie de lui trouver un autre emplacement (...) on a essayé un autre emplacement qu'il a accepté mais il y a eu d'autres difficultés (...) il y a eu une réunion pour le mettre au Luxembourg mais à la réunion de vendredi cela a été refusé (...) j'aurais aimé vous annoncer cette bonne nouvelle..."

André Minos : "Mettez-la place Saint-Sulpice ! Nous, cela ne nous dérange pas !"
Une commerçante : "Elle ne devait pas être partie au 1er septembre ?"
Marie-Thérèse Lacombe (UMP) conseillère d'arrondissement : "Oui c'est vrai..."
Jean-Pierre Lecoq la gronde et lui demande de se taire, ce qu'elle fait.
La commerçante : "Est-il lié à Monsieur Campion ? (...) vous êtes un relais (...) ils n'ont pas d'arrivée d'eau (...) vous pouvez nous dire ?"
Jean-Pierre Lecoq : "Qui êtes-vous Madame ?"
La commerçante : "Je suis (...)"
Le ton du maire du 6e arrondissement se radoucit : "..."
La commerçante : "des commerces perdent 30 % de leur chiffre d'affaire tous les jours !"
Jean-Pierre Lecoq : "On ne vous fait pas de concurrence ! (...) il y a eu 2 appels à projets et un candidat retenu sur 50 (...) quand vous me dites qu'il n'a pas tous les moyens, il fonctionne quand même avec tous les moyens"
La commerçante : "Ce n'est pas la même chose !"
Jean-Pierre Lecoq : "Le problème est posé par Monsieur Minos avec sa fougue et son courage habituels, je le remercie (...) si l'emplacement au Luxembourg avait été validé, il n'y aurait pas eu ce problème"
Deux commerçants membres de l'association d'André Minos : "Et qu'est-ce que vous dites aux commerçants ? (...) La concession n'est que pour 3 mois !"
Jean-Pierre Lecoq : "Eh non !" (le maire mâche une branche de lunettes)
Une commerçante : "C'est écrit !" (elle brandit une lettre du maire)
André Minos : "A-t-il le droit ?"
Romain Levy (PS) conseiller de Paris et adjoint au Maire de Paris annonce qu'il regardera la concession.
André Minos : "Pouvez-vous nous aider ? J'ai envoyé le journal de l'association qui traite de ce problème à tous les conseillers de Paris et aux adjoints au Maire que je connais et je n'ai eu aucune réponse, personne ne m'a répondu ! Des journalistes sont venus et rien n'est paru !"
Jean-Pierre Lecoq : "On a un problème et on va essayer de trouver une solution. On va essayer de faire évoluer ce problème".
Le CICA prend fin sur ce "problème" à 20h.

L'impact sur le quartier

André Minos se dit très ennuyé : "l'association s'est toujours arrangée pour être en bonne entente avec les maires, et là il y a un problème de concertation, que (la baraque) soit à Saint Michel ou ailleurs ce n'est pas le problème, elle devait être partie le 1er septembre, elle n'est pas démontable (...) le maire n'est pas venu à notre réunion (...) il n'est pas venu expliquer, le maire n'a pas fait de réunion de quartier sur le sujet".

Lors du conseil du 6e arrondissement le 6 mars 2012, les élus ont voté à l'unanimité le projet de "délibération d'occupation du domaine public pour l'exercice d'une activité commerciale sur des sites prestigieux à Paris". Le 19 mars 2012 au conseil de Paris, le conseil municipal entérine la délibération :

"Article 1 : Monsieur le Maire de Paris est autorisé à signer avec les personnes ci-dessous désignées, après validation d’une période probatoire de 3 mois, une convention d’occupation du domaine public de 4 ans fixant les modalités d’occupation et les conditions tarifaires annuelles suivantes pour ces emplacements situés sur des sites prestigieux à Paris :
Monsieur James FRANCHITTO, pour l’exercice d’un commerce de bouche sis Place Saint Michel (6e) :
29.200 euros + 5% du chiffre d’affaires hors taxes lorsque ce chiffre d’affaires est supérieur à 200.000 euros/an (...)"


Les membres de l'association et les 500 pétitionnaires du 5e et du 6e arrondissement ne seraient pas le seuls à être désappointés. La caméra de vidéo-surveillance de la préfecture de police de Paris installée à grand frais avec des travaux pendant plusieurs mois ne permet plus aux policiers de faire correctement leur travail : la baraque les empêche de surveiller la place Saint-Michel.

Alors que Jean-Pierre Lecoq est accusé de mentir par des membres de l'association suite à sa réponse pendant le CICA, le maire du 6e arrondissement montre surtout qu'il maîtrise une technique de nature à influencer ses interlocuteurs.

En effet, il a utilisé dans sa lettre du 12 juin 2012 une formule elliptique en omettant volontairement de communiquer certaines informations décisives pour la bonne compréhension de sa position et de la situation.

La convention signée avec le Maire de Paris est prévue pour 4 ans avec une période probatoire de 3 mois. Les commerçants se sentent trahis et floués.


Articles :
- 27 octobre 2012 : Concession Place Saint Michel : les questions et propositions des commerçants.
- 10 décembre 2012 : Que se passe-t-il entre la mairie du 6e arrondissement et l'association des riverains et des commerçants de la place Saint-Michel ?
- 12 décembre 2012 : David-Hervé Boutin : "Mea Culpa au nom de la municipalité".
- 22 février 2013 : Le kiosque a quitté la place Saint-Michel.
- 9 mai 2013 : Les riverains fêtent le départ du kiosque Saint-Michel.





Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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