Jeudi Noir vers l’expulsion de la place des Vosges ?

Quatrième Tribune


Le collectif Jeudi Noir, qui squatte depuis le 31 octobre l’Hôtel de Coulanges de la place des Vosges -inoccupé depuis 1965 !-, a reçu le 2 février la visite d’un huissier leur ordonnant de quitter les lieux.


Samuel Tribollet
3 Février 2010 10:40

Condamné le 18 janvier par le tribunal d’instance du 5e arrondissement, le collectif est sommé de payer 3 400 euros mensuels pour l’occupation des lieux qu’il devait en outre quitter avant le 25 janvier, sous peine d’une pénalité mensuelle de 25 000 euros.

« On s’attend aujourd’hui à se faire déloger par la force publique, regrette Laurent Dubouchet, membre de Jeudi Noir. On occupe les appartements de cet hôtel car ils sont vides depuis 44 ans et vont le rester. Nous sommes prêts à payer le loyer de 3 400 euros, mais évidemment pas les 25 000 euros d’amende. »

Pour les deux tiers étudiants, les 33 squatteurs des 1000 mètres carrés (pour 14 appartements) de l’Hôtel de Coulanges souhaitent pouvoir rester jusqu’à la fin de l’année scolaire, mais le combat de Jeudi Noir est plus large.

« C’est scandaleux qu’il existe tant de bâtiments inoccupés avec la tension immobilière que l’on connaît à Paris, nous voulons simplement que les bâtiments servent, explique Laurent Dubouchet, dans cet hôtel particulier, tant qu’il n’y aura pas de réel projet dedans, nous y resterons ! »
Plan menant au squat

Maintenant sous la menace d’une expulsion manu militari, les membres de Jeudi Noir réclament une médiation avec la préfecture et la tutelle de la propriétaire (une dame de 87 ans). Une initiative récemment soutenue par la majorité PS-Verts du 4e lors du conseil d’arrondissement du 1er février. « Leur idée n’est pas d’occuper gratuitement les lieux, mais d’y rester jusqu’à la fin de l’année scolaire, a plaidé l’adjointe verte à l’Économie solidaire Corine Faugeron, pour les étudiants, sans fiche de paye, on refuse souvent de louer. »

Chef de file de la droite locale, Vincent Roger (UMP) a lui préféré botter en touche : « On va s’abstenir, votre majorité rate souvent l’occasion de construire. La majorité présidentielle n’a aucune leçon à recevoir en matière de logement. Je trouve de plus un peu immoral de mettre en accusation une femme de 87 ans qui est sous tutelle ».

La propriétaire en question, Béatrice Cottin, était pourtant partisane d’une solution négociée, affirme Laurent Dubouchet : « Elle voulait un arrangement et était venue nous voir en novembre, sans sa tutelle, pour en discuter, mais apparemment, elle ne peut plus décider de rien maintenant ».

Expulsion imminente ou pas, les membres de Jeudi Noir semblent en tout cas résolus à aller au bout de leur action. Et même s’ils devaient finalement quitter les lieux, le squat de l’hôtel de la place des Vosges aura malgré tout été une belle opération médiatique braquant les projecteurs sur les immeubles vacants de la ville.
1 bis place des Vosges

Mots-clés de l'article : 4e arrondissement

E riro 'outou i te au / Vous pourriez également aimer / You might also like