L'Hôtel-Dieu ne devrait pas fermer

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L'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) envisage de regrouper les 37 établissements de santé franciliens en 12 groupes hospitaliers pour juguler son déficit financier. Cela pourrait entraîner la fermeture de l'Hôtel-Dieu. Mais les élus du 4e arrondissement n’y croient pas.


Olivier Guérin
10 Mars 2010 11:40

«Je ne pense pas que l'Hôtel-Dieu soit vraiment menacé. Il y a des interrogations d'ordre budgétaire, oui, mais je suis très serein sur ce sujet » nous confiait le 5 mars Vincent Roger, élu UMP du 4e arrondissement, membre du conseil d'administration de l'AP-HP et membre du conseil de surveillance de l'Hôtel-Dieu.

Le 4 mars, Jean-Louis Pourriat, chef de service des urgences de l'Hôtel-Dieu et 1er adjoint de Dominique Bertinotti, maire PS du 4e, n’y croyait pas non plus. « Je reste confiant. Celui ou celle qui fermera l'Hôtel-Dieu aura une responsabilité face à l'Histoire. Il s'agit d'un lieu symbolique ».

Au delà du seul 4e, les élus parisiens de tous bords se sont organisés pour défendre l’Hôtel-Dieu. Le 8 février, ils ont voté au Conseil de Paris la création d'un groupe de travail pour discuter de la situation de l'AP-HP et du plan stratégique pour 2010-2014, qui ne sera dévoilé qu’à l’été.
 
Fondé au VIIème siècle, l'Hôtel-Dieu est le plus ancien hôpital de Paris et le seul hôpital à Paris jusqu'à la Renaissance

L'Hôtel-Dieu va bien

Soutenu politiquement, l'Hôtel-Dieu paraît viable économiquement. « L’AP-HP souffre d’un déficit chronique, rappelle Vincent Roger, mais les comptes de l'Hôtel-Dieu sont quasiment à l’équilibre (1 M€ de déficit en 2009). Cet hôpital est assez exemplaire, il serait injuste de le pénaliser ». D'autant qu'un projet existe pour adapter l'Hôtel-Dieu à la réalité économique.

« Depuis 4 ou 5 ans, la communauté médicale de l’Hôtel-Dieu a développé un projet centré autour de la santé publique, explique Jean-Louis Pourriat : améliorer l'accueil d'urgence pour que les patients n'y passent pas plus de 4 heures (sauf hospitalisation impérative), développer la chirurgie ambulatoire pour que le patient entre le matin et sorte le soir tout en bénéficiant d'une prise en charge à 100% - une spécialité abandonnée aux cliniques privées -, la prévention des maladies par un dépistage systématique et la formation universitaire ». La Sécurité sociale serait intéressée et Vincent Roger estime ce projet « viable économiquement parce qu'il est performant. »

Mais alors qui veut fermer l'Hôtel-Dieu ? Ni l’AP-HP ni le ministère de la Santé ne nous ont répondu. « Je pense que ceux qui envisagent de fermer l'Hôtel-Dieu sont ceux qui veulent se faire bien voir d'un ministère qui est en train de basculer les soins vers le privé, avance Jean-Louis Pourriat. Et encore, nous sommes dans une succession de mesures administratives mais il n'y a pas de plan d'ensemble. Quelle est la logique d'ouvrir la plus grande maternité à Cochin après lui avoir enlevé la pédiatrie ? On est dans une sorte de Monopoly hospitalier ». Mais il met en garde, « nous sommes prêts à descendre dans la rue ».
 
Au XIXème siècle, la IIIème République achève la construction de l'Hôtel-Dieu à son emplacement actuel 1 place du Parvis Notre-Dame

Lire l'article d'Olivier Guérin du 16 mars 2010 L'Hôtel-Dieu dessine son avenir
Lire l'article de Vaea Devatine du 10 février 2010 L'Hôtel-Dieu réunit la gauche et la droite
Lire l'article de Samuel Tribollet du 3 février 2010 [Inquiétudes sur le devenir de l'Hôtel-Dieu
 



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