La Révolution s’emballe - Partie 6

Les Révolutionnaires se dévorent les uns les autres.


Du 13 au 24 avril 1793, girondins et montagnards se livrent une lutte acharnée. Qui aura le pouvoir ? Qui va perdre la tête ?


24 Avril 2013 17:10

Rappel : Les girondins réagissent au réquisitoire de Robespierre contre eux. On demande le décret d'accusation contre Marat. Marat le demande contre ses adversaires. Danton défend l'Ami du peuple : il s'étonne du bruit fait pour quelques excès qui lui semblent tout naturels.

Marat est décrété d’accusation

Le 13 avril 1793, c’est Pierre Delaunay dit Delahaie-Delaunay, élu du Maine et Loire, membre de la Plaine, qui présente au nom du comité de législation, le rapport sur les délits imputés à Marat et à quelques autres. Le girondin Gensonné appuie l’accusation avant la fin du rapport et constate :

"Il n’est plus possible de se le dissimuler d’après la scission qui vient d’éclater dans cette assemblée, les hommes de bonne foi doivent convenir que tous les liens d’une confiance mutuelle sont rompus".

Le rapporteur présente ensuite les chefs d’accusation contre Marat :
- 1° son numéro du 5 janvier 1793 où il prêche la dissolution de la Convention ;
- 2° son numéro du 24 février 1793 où il provoque le pillage des magasins.

Quelques membres de la Convention demandent qu’on mette immédiatement aux voix le décret d’accusation proposé par le comité.

Robespierre vole au secours de Marat

Robespierre intervient. Il tente de sauver Marat des poursuites mais en vain. Il s’exclame alors en mêlant défense et prudence :

"Je déclare que je sais apprécier Marat ; il a commis des erreurs, des fautes de style ; mais de l’autre côté sont les
conspirateurs et les traîtres
(on murmure à droite).

Ce n’est pas contre lui seul qu’on veut porter le décret d’accusation, c’est contre vous, vrais républicains, c’est contre vous qui avez déplu par la chaleur de vos âmes, c’est contre moi-même peut-être, malgré que je me sois constamment attaché à n’aigrir personne, à n’offenser personne.

Je demande qu’à la suite du rapport soit constaté qu’on a refusé d’entendre un accusé qui n’est pas mon ami, dont je n’ai point partagé les erreurs qu’on travestit ici en crimes, mais que je regarde comme un bon citoyen, zélé défenseur de la cause du peuple, et tout à fait étranger aux crimes qu’on lui impute"
.

De toutes parts on demande au sein de la Convention le vote par appel nominal. Et Marat est décrété d’accusation.
Le montagnard acharné ira en prison dans l’attente d’être présenté au tribunal révolutionnaire.

Paris n'est pas au-dessus de la République

Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède, girondin (1766-1793). Il combat les montagnards avec vigueur. Il est envoyé à la guillotine à 27 ans par le tribunal révolutionnaire - Graveur : Vivien - Source : Galerie historique des contemporains, édition 2de, t. 2, Bruxelles, Auguste Wahlen et Cie, 1822.
A l’ouverture de la séance du 15 avril 1793, le Président de la Convention annonce :
"Les commissaires des quarante-huit sections de Paris demandent à présenter une pétition".

Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède, girondin élu du département de la Gironde, adversaire notoire de Marat prend instantanément la parole :

"Je la connais déjà cette pétition ; elle a pour but le renvoi de plusieurs membres de cette assemblée.

Je demande qu'ils soient admis à l’instant, afin de montrer aux départements qu'ils ont le droit d'imiter Paris et de rappeler ceux de leurs mandataires qui ont perdu leur confiance : or vous sentez que ce système est celui du fédéralisme et tend à dissoudre la convention"
.

La réaction est habile. Ce sont les montagnards qui accusent les girondins d’être fédéralistes et de vouloir casser par ce moyen l’unité de la République.

Mais Boyer-Fonfrède retourne l’argument en accusant les sections parisiennes qui sont dans la main des montagnards de vouloir dicter à l’ensemble de la Nation, à tout le territoire, leurs vœux et décisions alors qu’ils ne sont qu’une minorité et qu’ils n’ont le contrôle que de la capitale.

Paris, c’est beaucoup, mais ce n’est pas toute la France ni toute la République.


A suivre sur Paris Tribune...


Bibliographie :
Débats de la Convention Nationale ou analyse complète des séances - Tome IV Paris - A Bossange et Baudouin Frères - 1828. Site : http://www.assemblee-nationale.fr

Articles :
- 10 avril 1793 - 10 avril 2013 : La Révolution s’emballe il y a 220 ans.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 2.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 3.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 4.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 5.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 6.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 7.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 8.
- La Révolution s’emballe il y a 220 ans - Partie 9.

- 7 novembre 2012 : Le procès de Louis XVI sur Paris Tribune.
- 3 décembre 2012 : Le Procès du Roi, il y a 220 ans.
- 8 décembre 2012 : Louis XVI peu avant le début de son procès.
- 10 décembre 2012 : Rapport Lindet : historique de la conduite du Roi Louis XVI avant son procès.
- 11 décembre 2012 : "Louis, le peuple français vous accuse".
- 21 janvier 2013 : Fin tragique de Louis XVI.

- Partie 1 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 2 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 3 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 4 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 5 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 6 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 7 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 8 : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?
- Partie 9 - dernière partie : La Terreur sous la Révolution aurait-elle pu être évitée il y a 220 ans ?

- 24 septembre 2012 : « La République est une et indivisible » depuis 220 ans
- 22 septembre 2012 : 220e anniversaire de la naissance de la République.
- 10 août 2012 : 220e anniversaire de la chute de la Monarchie.

- 5 octobre 2011 : Qui convoite la place au métro Convention ?
- 22 juin 2011 : Le Maire de Paris ne connaît pas la rue Thiers.
- 11 juin 2011 : Une guillotine à l’Hôtel Drouot.


Journaliste, coordinateur des articles sur l'histoire, culture et politique, ventes aux enchères. En savoir plus sur cet auteur
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