La judiciarisation comme outil de propagande pour la pêche aux voix dans le 6e arrondissement

6e arrondissement : La liste de Jean-Pierre Lecoq UMP - Modem - UDI avec NKM contre la liste de Romain Levy « Osez le 6e ».


Jean-Pierre Lecoq règle ses comptes avec Romain Levy par la judiciarisation et met en cause le dessinateur Cabu.


20 Mars 2014 17:45

Jean-Pierre Lecoq, candidat à une quatrième réélection de maire d’arrondissement, privilégie la judiciarisation pour la pêche aux voix pour les élections municipales dans le 6e arrondissement.

Extrait du tract de la liste UMP - Modem - UDI avec NKM dans le 6e arrondissement.
Dans un tract de propagande distribué le mardi 18 mars 2014 dans les boîtes aux lettres du 6e ainsi qu’aux abords du marché Raspail, Jean-Pierre Lecoq révèle avoir saisi la justice.

A J-5 avant le 1er tour des élections municipales, le tract explique « les raisons qui ont conduit » le maire du 6e « à porter plainte contre X (…) pour diffamation à la suite du boîtage d’un document de campagne du candidat socialiste ».

Jean-Pierre Lecoq connaît l’identité du responsable légal du document qu’il incrimine : Romain Levy, la tête de liste investie par le Parti Socialiste. Il connaît l'auteur du dessin de presse humoristique publié, le célèbre Cabu. Mais voilà, l’humour de Jean-Pierre Lecoq s’arrête lorsqu’il suppose que sa personne est atteinte.

Interrogé sur le marché par Paris Tribune, Jean-Pierre Lecoq annonce avec satisfaction avoir déposé plainte contre X. En revanche, Jean-Pierre Lecoq ne précise pas les raisons de ce choix de déposer plainte contre auteur inconnu alors que l’auteur du dessin et le directeur de publication du document sont identifiés.

Le chemin des écoliers de la justice

Jean-Pierre Lecoq, dont le conseil habituel est un avocat de presse réputé, n’a pas choisi une procédure d’urgence pour que l’affaire soit jugée en sollicitant par exemple la suspension de la diffusion de ce document en référé d’heure à heure puisque nous sommes en période électorale. Avant le premier tour une décision aurait pu être rendue.

Jean-Pierre Lecoq n’explique pas plus ce qui l’autorise à écrire dans le tract : « (…) Au lendemain de son dépôt, il m’a été confirmé que la diffamation avait bien été retenue et que la plainte serait instruite ». En effet, au stade de la plainte, la diffamation n’est pas établie ; elle ne peut en conséquence avoir été « retenue » par une autorité judiciaire.

Ce qui est sûr, c’est que Jean-Pierre Lecoq a emprunté le chemin des écoliers de la justice pour qu’elle ne statue pas pendant la période électorale, stratégie qu’il a déjà mise en place pour ses autres affaires en cours.

La judiciarisation et le sort des urnes

Sur les marchés où le dessin de Cabu a été diffusé, il suscite soit indifférence, soit un large sourire, bref des réactions classiques face à un dessin humoristique incorporé dans un document à caractère politique.

Contacté à son tour par Paris Tribune, le responsable légal du dessin édité de Cabu confirme n’avoir reçu aucune citation à comparaître en justice. Pour Romain Levy, Jean-Pierre Lecoq « dépose plainte uniquement pour mettre quelque chose dans son tract, il veut utiliser la plainte pour détourner l’attention de ce que Mediapart a publié (article du 5 mars 2014 "Le maire UMP du VIe à Paris obtient le report de son audition", NDLR). Je pense que cela le décrédibilise plus qu’autre chose. Tout le monde est plutôt atterré par une attaque du dessin humoristique de Cabu. Jean-Pierre Lecoq s’est discrédité par cette plainte ».

La judiciarisation n’est-elle pas préparatoire d’un éventuel recours contre le sort des urnes ?

A l’évidence, en plus de Geneviève Bertrand, adjointe au maire du 6e ayant déposé une liste « Pour le 6e avant tout » face à celle de Lecoq de Sarnez, Jean-Pierre Lecoq craint également le score de Romain Levy.

De gauche à droite : le dessinateur Cabu et le candidat socialiste Romain Levy - Photo : VD.




Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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