Le village italien de mon enfance

Texte participatif : une ode au village de l'enfance et à l'Italie, pays de vacances et de souvenirs.


Comment ne pas aimer ce pays dans lequel a baigné toute mon enfance ?


par S. Cillemogia
30 Aout 2012 15:02

Un pays (dont je tairais le nom de peur de faire affluer trop de touristes mais qui selon beaucoup, fait partie des plus beaux bourgs d’Italie) à flanc des montagnes dans lequel certains, dont je fais partie, ont la chance d’avoir une maison avec un panorama dont on ne se lasse jamais.
Le visage des vacances de l'enfance (c) S. Cillemogia.

Mais excepté la beauté du site, le plus intéressant reste tous ces souvenirs qui rejaillissent de cette terre. Une simple vieille porte complètement délabrée me rappelle une multitude de souvenirs, elle porte les entailles de mon passé.

Quoi de mieux lorsque l’on est une bande de gamins de s’entrainer au lancer de couteaux sur une porte, en se prenant pour le plus grand des aventuriers. Si en plus l’un de nous avait la bonne idée de se mettre les bras en croix contre cette même porte et que les autres, tels des lanceurs de cirques expérimentés pouvaient planter leur couteau au plus près de cette cible vivante, c’était encore mieux ! (et tellement intelligent)

Quoi de plus excitant encore que de s’infiltrer dans de vieilles maisons abandonnées par des chemins que nous étions les seuls à pouvoir emprunter de notre petite taille.

Maison en cours de restauration que notre imagination transformait en château et dont nous étions les rois. Nous nous y inventions des aventures truffées de cachettes dans des meubles entreposés durant les travaux. En passant aujourd’hui devant notre ancien château, j’y vois une nouvelle maison toute restaurée dont le propriétaire milanais, Luigi, un vieil ami de mes parents vient y passer ses vacances.

A chaque fois que je le salue aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de penser intérieurement « si tu savais Luigi que je passais des heures à me cacher régulièrement dans la commode qui est certainement aujourd’hui entreposée dans ta chambre. Et si tu y regardes de plus près, peut-être l’as-tu remarqué, tu verras dans le fond de cette même commode un œilleton que j’ai creusé avec mon couteau afin d’épier, une fois caché à l’intérieur, les éventuels intrus qui oseraient entrer dans notre repaire ».
Mais malgré toutes ces précautions, il nous est arrivé une seule fois d’être débusqué dans notre tanière que l’on croyait imprenable. Il s’agissait d’un grand chauve qui n’avait pas apprécié, allez savoir pourquoi, que l’on s’amuse à jeter des petits gravillons sur son crâne dégarni. En passant aujourd’hui, la main dans ce qui me reste de cheveux, je me rends compte à quel point, nous étions des petits imbéciles.

En me promenant dans ces petites ruelles, j’y retrouve aussi des souvenirs douloureux comme cette route extrêmement pentue dans laquelle nous nous adonnions aux joies du karting. Il s’agissait d’un vieux Kart rouge Ferrari, sans moteur, complètement rouillé ; le jeu consistait à se positionner sur le siège du Kart, tout en haut de la rue puis, poussé par deux amis, essayer de profiter au maximum de la pente, pour aller le plus vite et le plus loin possible. Quelle impression de vitesse ! Là, à ras du sol, c’était extrêmement grisant, on en oubliait presque que l’on n’avait pas de frein. Car en effet, j’étais l'un des rares à posséder un Kart sans frein ; la seule façon de freiner sur ce Kart, était de donner un coup sec de volant afin de le faire déraper. Seulement lorsque l’on a 11 ans, on ne sait pas toujours que, passé une certaine vitesse, le résultat est complètement différent de celui escompté... Au lieu du dérapage attendu, j’ai dû faire environ 2 tonneaux avec en prime le Kart atterrissant sur la cheville. J’étais en sang, et j’ai conservé pendant au moins 1 mois des plaies sur les épaules, les coudes et le visage. Je viens d’ailleurs de me rendre compte que je n’ai aucune idée de ce qui est advenu à ce fameux Kart aujourd’hui. Peut-être a-t-il été jugé trop dangereux et caché dans un recoin de cette maison d’où j’écris ces quelques lignes ?
Le village, ses ruelles, ses maisons (c) S. Cillemogia.

Le village n’était pas notre seule activité. Il y avait (et il y a encore) un coin extraordinaire où l’on peut se baigner dans les gorges de la montagne. L’eau y était froide mais nous y rentrions avec empressement sans même se rendre compte de la température de l’eau alors que certains adultes mettaient de longues minutes avant d’y plonger ne serait-ce qu’un orteil. Une fois dedans, on pouvait y rester des heures, à nager, à explorer les fonds remplis de poissons ou à plonger d’un plongeoir de pierre que je trouvais immense. J’y suis retourné hier après midi et le plongeoir y est encore. Les enfants qui sautent et re-sautent sont toujours là. J’ai à nouveau l’impression d’avoir 12 ans... J’entre prudemment dans cette eau que je trouve aujourd’hui glaciale, je plonge en espérant rejoindre ces années qui sont si loin mais me semblent tellement proches.
Bain de souvenirs (c) S. Cillemogia.



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