Les cosmétiques à travers les âges au Musée de Cluny

Cinquième Tribune


Dans un exposition intitulée « Le Bain et le Miroir », la salle du Frigidarium du Musée de Cluny nous dévoile les soins du corps pratiqués durant l’Antiquité et le Moyen-Âge.


Jean-Mary Nicolas
1 Septembre 2009 17:25

«Ce sont les derniers murs préservés, rares témoins du palais des thermes de la Lutèce antique » proclame fièrement Natacha Provensal, la responsable de la communication du musée, pour définir les lieux. Le musée des Thermes de Cluny appelé aussi musée du Moyen-Âge accueille jusqu’au 21 septembre 2009 l’exposition « Le bain et le Miroir » qui présente les différents thèmes de la toilette, du bain et des cosmétiques pendant l’Antiquité et le Moyen-Âge.

Durant l’hégémonie romaine en Europe, le bain et la toilette sont des moments appréciés de la vie quotidienne et chaque ville conquise est aussitôt équipée d’un « palais des thermes », véritables bains publics et gratuits sur le modèle des hammams arabes. Cette « démocratisation » du bain remporte un franc succès parmi les gaulois vaincus et elle perdurera pendant tout le Moyen-Âge. Le parcours de l’exposition est chronologique et s’efforce de montrer l’évolution et l’approche esthétique de ces deux grandes périodes.

La salle du Frigidarium, (salle froide en latin) inaugure le début du parcours Antique. On rentre très vite « dans le bain » avec l’exposition de plusieurs statues d’Aphrodite au bain, symbole de beauté. La déesse tient entre ses doigts une pyxide, sorte de petit pot qui contient des onguents. L’évocation des soins du corps se poursuit avec toute une palette d’objets de la vie quotidienne comme des flacons de parfums, des miroirs ou des fards à paupières élaborés en grande partie à base de plomb. L’art de se farder pour se conférer plus d’éclat était courant dans tout l’Empire Romain..

Tout ces vestiges ont été retrouvés dans des tombes dites tombes à mobilier. Les Romains enterraient leurs défunts avec tout leurs ustensiles de toilette. La ressemblance avec nos accessoires d’aujourd’hui est édifiante et une baignoire romaine en marbre, datant du IIIe siècle est là pour en témoigner. Une gallo-romaine met plus de 6 heures à se coiffer et pour connaître en détail la dernière coiffure de l’Impératrice elle a juste à observer l’envers d’un sesterce. Les différents modèles et styles de coupes de cheveux seront diffusés ainsi jusqu’au prémices du monde médiéval .

Les salles « dédiées » à l’ère médiévale justement tranchent avec les idées reçues concernant l’hygiène au Moyen-Âge. La variété et le luxe des accessoire traduisent une coquetterie excessive qui poussera même l’Eglise à développer une scolastique «du renoncement de soi ». Des peignes finement sculptés montrent une industrie du luxe développée autour de la coiffure. Un buste en bois représentant l’élégante Marie Madeleine témoignent cette volonté de raffinement et de complexité. La salle médiévale expose également de grands textes antiques d’apothicaires sur les questions usuelles des soins du corps, avec des recettes de teintures pour le cuir chevelu.

Enfin, la Tapisserie du bain de la vie seigneuriale, qui clôt le parcours, est un hymne au bien-être et à la beauté des corps durant le bain, et une parfaite allégorie de cette exposition.


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