Naissance d'un volcan sans nom à Mayotte

Outre-mer : naissance d'un volcan sous-marin à Mayotte, plus de 500.000 ans après le précédent volcan éteint.


L'’île de Mayotte dans l'océan Indien s’est déplacée vers l’Est de 17 cm en 17 mois. Dans le même temps, l'île de 376 km2 s'est enfoncée de 15 cm.


20 Octobre 2019 21:00

Les scientifiques connaissent la raison des séismes à répétition à Mayotte : un nouveau volcan est en train de naître sous le 101e département français et le 5e département d'outre-mer. 

Selon les autorités, c'est à une cinquantaine de kilomètres du rivage et à 3,5 km de profondeur que le bébé volcan est né. Il est responsable depuis mai 2018 des nombreux séismes qui sévissent sur île volcanique de 376 km2 peuplée d'environ 256.500 habitants (recensement 2017 - INSEE). 
Le lac Dziani est le vestige d'un des derniers cratères volcaniques de Mayotte (éteint il y a environ 500 000 ans). C'est à son pied, à une cinquantaine de kilomètres du rivage et 3,5 km de profondeur, qu'est apparu le nouveau volcan sous-marin début 2019, responsable de nombreux séismes depuis mai 2018 © Franck Bouttemy http://www.geodiversite.net/auteur197 © CC-BY SA 3.0

Mayotte bouge !

Tremblements de terre, signaux sismiques en alternance avec des périodes normales sans activité sismique, poissons morts trouvés à la surface de la mer, les observations géodésiques fédérées par l'IGN (Institut national de l'information géographique et forestière) ont permis aux scientifique d'être formel : l’île bouge !

Depuis le début des séismes il y a dix-sept mois, l’île de Mayotte s’est déplacée de 17 cm vers l'Est, et elle s'est enfoncée de 15 cm : un volcan sous-marin de 5 km de diamètre, de 800 mètres de haut, est en train de naître à 3.500 mètres de profondeur. 
Le bébé volcan sous-marin émet des fumées qui montent jusqu’à 2 kilomètres, soit sous la surface de l'eau, ce qui complique le travail des scientifiques pour connaître précisément sa vitesse de croissance.
 

Un cycle de conférences pour rassurer les habitants

Affiche d'information sur la naissance d'un nouveau volcan à Mayotte © Préfecture de Mayotte.
Une première conférence pour mieux informer la population à propos du phénomène sismo-volcanique qui sévit à Mayotte depuis mai 2018 s'est tenue le 4 octobre 2019 à 16h30 dans la commune de Pamandzi, située sur la Petite Terre distante de 8 km de Mamoudzou, première commune de Mayotte et siège de la préfecture, située sur la Grande Terre. Elle a présenté l'histoire volcanique de Mayotte ainsi que le bilan de la sismicité, les campagnes scientifiques et les actions à venir pour accroître la connaissance et la compréhension du phénomène, grâce aux chercheurs issus du Bureau des Recherches Géologiques et Minières (BRGM) et du Centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte (CUFR). 
La préfecture de Mayotte annonce que les conférences seront traduites en shimaoré et en kibushi selon les communes.

A Paris le 15 octobre 2019, une cinquantaine d’océanographes, géophysiciens et volcanologues se sont réunis à l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP). Le dernier numéro de la revue du consortium Revosima, financé par l'Etat, livre les informations rendues publiques :
 
« Si l’activité sismique reste globalement stable sur les dernières semaines, elle est néanmoins importante, et témoigne d’une activité volcanique toujours intense. A noter que pour de nombreuses éruptions une diminution de l’énergie sismique dissipée est observée malgré la poursuite de la propagation du magma à faible profondeur et son émission en surface. Ceci témoigne d’un milieu déjà fragilisé et fracturé moins sismogène. L’activité sismique fluctue pendant une éruption et une recrudescence de l’activité sismique est toujours possible. Ainsi des magnitudes proches de 5,0, voire plus, sont toujours possibles (...) A noter que plusieurs séismes « proches » de très faible à faible magnitude (1,3-2,8) sont toujours enregistrés entre l’essaim sismique principal et Petite-Terre, voire même sous Petite Terre ».
Bulletin de l’activité sismo-volcanique à Mayotte - Bulletin Revosima N° 6 du 1er au 15 octobre 2019.

Afin d'améliorer la connaissance scientifique à propos de ce phénomène, toute personne souhaitant témoigner, qu’elle ait ou non ressenti un séisme, peut déposer son témoignage sur le site BCSF-RENASS (Bureau Central Sismologique Français) à l’adresse :
Il en va de la prévention des risques sismiques.
 

Bulletin Revosima numéro 6 du 1er au 15 octobre 2019 - Bulletin de l’activité sismo-volcanique à Mayotte.pdf  (1.93 Mo)


Le nom du bébé volcan se fait attendre

Aussitôt l'événement connu, un concours de nom s'est mis en place à l'initiative du préfet de Mayotte de l'époque, Dominique Sorain, en poste dans le département de mars 2018 à août 2019 avant d'être nommé Haut-commissaire de la République en Polynésie française, et du vice-rectorat.

Parmi la cinquantaine de noms proposés par les élèves en classe élémentaire et au collège, dix noms ont été sélectionné le 8 juillet 2019 :

- "Le monstre imaginaire" : BAGUGU.
- "La nouvelle île" : CHISIWA PYA.
- "Le roi des mers" : MFALOUME WA BAHARI.
- "Il est né" : ADZALWA.
- "Le puissant" : MCOMBE.
- "Le volcan de Mayotte" : MAYDZAHA.
- "Le retour du roi" : ANDRIANAVI.
- "Le voilà" : TSIYO.
- "Notre volcan" : DZAHA LATRU.
- "Le dernier né" : SHIZE YA TRUMBO.

Un sondage lancé du 15 au 21 août 2019 demandait aux internautes de choisir le nom lauréat du jeu-concours. Depuis, le nom du nouveau volcan se fait toujours attendre, un peu comme si l'on souhaitait garder le secret autour du nom du bébé jusqu'au dernier moment. Ce n'est sans doute pas sans raison, mais laquelle ?




Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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