«Depuis le temps que ça devait se faire ! On a hâte» déclarent d’une seule voix Véronique André du magasin Sandrine Au Renard Bleu et Madame Minard de Weinberg. Les deux vendeuses de la rue de Sèvres espèrent que le réaménagement va donner une nouvelle impulsion au quartier. Suite à la fermeture de l’hôpital Laennec en 2000, les commerçants ont constaté une baisse importante de leur chiffre d’affaire. Elle approche 20% pour la boutique de luxe Weinberg. Le personnel de l’hôpital et les visiteurs apportaient un dynamisme dans la rue séparant le 6ème arrondissement du 7ème. L’adjointe du magasin Camaïeu, Sylvie Cewonde, confie que la boutique pour vêtements féminins est moins fréquentée que ceux de la même enseigne ailleurs à Paris. Cela fait neuf ans maintenant que le projet de travaux a été lancé, et sa concrétisation se fait sentir comme une bonne nouvelle dans les trois boutiques. Madame Minard se réjouit de la construction d’un parking, même s’il sera principalement destiné aux résidents des logements : « les gens ne trouvent pas de places pour se garer, ils se découragent vite et repartent ».Tous les commerçants ne partagent pas le même enthousiasme. Au magasin de chaussure Hasley Paris, on espère que les travaux seront faits « d’un coup ». Le commerçant échaudé rappelle qu’il y a près d’un an et demi, les travaux avaient commencé puis ont été interrompus 4 mois plus tard.

Scepticisme et lassitude, le maire du 6e arrondissement, Jean-Pierre Lecoq joint par téléphone avant son départ en vacances, comprend le sentiment qui flotte dans la rue de Sèvres. Il se dit « très content » que les travaux commencent dans un futur proche. «On a suffisamment attendu pour que l’on ne se réjouisse pas» déclare-t-il, ajoutant que les camions ne vont pas modifier leur itinéraire puisqu'ils circulent déjà rue et impasse Vaneau. Il y a près d’une décennie maintenant que l’hôpital est désaffecté et le maire a relevé que pour beaucoup commerçants, cela a été une « catastrophe ». Il précise que la Poste nécessite encore un an de travaux lourds et qu’il va falloir apprendre à faire «cohabiter les travaux».

Casques blancs et poussière, la rue de sèvres est déjà entravée par 4 chantiers : l’hôpital Necker, la Poste, l'hôtel Le Choiseul-Praslin et Le Lutetia. Le moment est-il vraiment opportun pour commencer de nouveaux travaux ? Les commerçants sont unanimes : « il faut bien que les choses se fassent » et madame Minard reste lucide « ça ne peut pas se faire d’un coup de baguette magique ». Nuisance sonore, circulation encombrée, poussière, le prix à payer risque d'être désagréable mais supportable. La seule crainte est que seuls les habitués des commerces ne viennent et que les passants contournent la rue le temps des travaux. Les commerçants rue de Sèvres ne sont donc pas au bout de leur peine. La perspective du renouveau économique du quartier vaut bien quelques déboires. Les travaux est un premier remède à leurs tracas : la vue sur les murs ternes de l’ancien hôpital Laennec les rend malades.