François Fillon, le favori pour l’élection présidentielle de 2017 essuie une attaque généralisée qui vient de toute part.
 
L’art politique est intiment lié à l’art militaire. Avoir une stratégie, définir les objectifs, primaire et secondaire, maîtriser et choisir la tactique, prendre des positions, les défendre, en conquérir, être solide et statique ou perforant et en mouvement.
 
« La guerre n'est rien d'autre que la continuation de la politique par d'autres moyens ». (1)

Aucune confiance démesurée ne doit vous guider à la veille d’une bataille. La campagne fait rage. La campagne est paysagère, elle est électorale et elle est militaire.
 
Depuis quelques jours, c’est le « tir aux Fillon », le bal politique avec chausse-trappes devient un jeu de massacre. François Fillon essuie un tir de barrage pour l’empêcher d’avancer et le contraindre à reculer. Pénélope est pilonnée, François Fillon touché. Il a proclamé que s’il est mis en examen, il renonce à poursuivre sa course aux suffrages pour l’élection présidentielle.
 
Mais qu’en sera-t-il s’il chute dans les sondages, qu’il est dépassé par Marine Le Pen et Emmanuel Macron ? Que décide-t-il si, dans les prochains jours, il est convoqué ainsi que son épouse, voire avec mise en garde à vue et perquisition ou bien, si son épouse et lui-même reçoivent une citation directe pour comparaître devant le tribunal correctionnel ?
 
François Fillon appelle la Justice à mettre en état le dossier « le plus vite possible ». Mais la Justice expéditive n’est souvent qu’une parodie de Justice. A partir d’un article de presse d’un hebdomadaire connu, une EGV est lancée, une enquête préliminaire à grande vitesse, menée par la police judiciaire qui est aux ordres du Parquet national financier, lui même sous la dépendance du Garde des Sceaux du gouvernement socialiste.
 
Dans les batailles incertaines, la défection de troupes que l’on croyait loyales précipite la défaite ou la capitulation. La force de caractère de François Fillon apparaît dans ses discours. Mais, une musique discordante peut-être jouée dans son entourage sur le thème de l’obstination. L’attitude de ses amis politiques peut ainsi sceller le sort du candidat investi par la primaire de la droite et du centre malgré le soutien massif des électeurs de son camp. (2) 

La conquête du pouvoir est un exercice délicat et dangereux. Dans le passé et de nombreux pays, l’assassinat était un moyen parmi d’autre de s’imposer. Dans les nations civilisées du XXIe Siècle, le meurtre avec préméditation obéit à de nouveaux rites.
 
La personnalité visée doit affronter :
 

• les enquêtes de médias qui sonnent la charge ou bien l’appuie ;
• une mise en cause sur le plan moral ;
• un combat judiciaire déséquilibré avec enquête préliminaire, investigations judiciaires, pressions policières.

 
Plusieurs conséquences sont espérées :
 

• syndrome dépressif incapacitant la défense et la contre-attaque ou, au moins, provoquant la saturation de l’esprit (angoisse, irritation, insomnie …) et affectant la disponibilité du candidat pour convaincre les électeurs car il est occupé par tous les fronts ouverts contre lui ;
• affaiblissement des soutiens autour du candidat ou mieux encore défection voire trahison ;
• obérer la trésorerie personnelle du candidat par ses dépenses pour s’assurer le concours des meilleurs avocats, juristes et conseils en communication de crise ;

 
Au final, les auteurs de l’attaque ou du complot mettent en pratique les conseils de Carl Von Clausevitz « La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté ». (3)

Tenir compte de l’évolution de la société, c’est essentiel pour animer le peuple : « La plupart des innovations dans l’art de la guerre sont dues aux nouvelles conditions sociales et non aux inventions et aux nouvelles tendances d’esprit ». (4)
 
Les sujets préférés et sensibles, pour ces mises en cause destructrices, sont liées aux mœurs et à l’argent.
 
La jalousie, l’envie, l’exhibition forcée de la vie privée provoque l’engouement d’une partie de la population.
 
Ce qui est frappant dans le dossier Fillon, c’est l’ancienneté d’une grande partie des faits reprochés, alors que l’époque et l’approche des faits de société a été bouleversée de manière récente avec une exaspération face au chômage et la traque aux privilèges, réels ou supposés, et à leurs bénéficiaires.
 
C’est aussi le mécanisme de l’attaque, article de presse, le Procureur de la République qui déclenche une enquête avec un rythme qui s’apparente à celui d’une enquête de flagrance, comme si le couple Fillon était poursuivi par la clameur publique pour un ou plusieurs délits dont ils seraient accusés.
 
La rapidité avec lesquelles sont diffusées les réquisitions judiciaires et dont sont organisées les auditions et perquisitions est étonnante au regard des faits, de l’époque des faits et de la neutralité de la justice que l’on peut attendre à l’égard des candidats  en période électorale dans une société démocratique qui organise des élections libres. Et certains résultats des investigations qui figurent au dossier, dossier auquel les avocats de la défense n’ont pas accès, fuitent dans certains médias. Un poison est ainsi savamment répandu.
 
En 2011, DSK a vécu cette expérience douloureuse centrée sur le sexe et aussi sur l’argent, déjà celui de son épouse. DSK n’a pas été condamné au pénal. Il a transigé au civil. Mais, l’élection présidentielle s’est déroulée sans lui.
 
Qui manipule qui ? Qui accepte d’être manipulé ?
« Dans la guerre, tout est simple, mais le plus simple est difficile ». (5)
 
Malgré tout, François Fillon ne désespère pas.
Il sait que : La victoire revient à celui qui tient le dernier quart d'heure. (6)
 

Gérard Ducrey
Avocat près la Cour d’appel de Paris.
Adresse mail : avocats@cabinet-ducrey.com
 

(1) Carl von Clausewitz - De la guerre.
(2) Primaire de la droite et du centre : 2^e tour le 27 novembre 2016
Résultats définitifs - Votants : 4.408.812
Suffrages exprimés pour François Fillon : 2.919.874 - 66,5 %
Source : https://resultats.primaire2016.org/#/total
(3) Carl von Clausewitz - L’art de la guerre
(4)            idem
(5)            idem
(6)            idem.

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