Rachida Dati ne veut pas de Nathalie Kosciusko-Morizet sur ses terres

Inscrite le 14 janvier dans le 14e arrondissement, Nathalie Kosciusko-Morizet se retrouve le 18 janvier dans les 5e, 6e et 7e arrondissement


Après avoir contesté l'arrivée de François Fillon dans la 2e circonscription en 2012, Rachida Dati conteste l'arrivée de Nathalie Kosciusko-Morizet dans la 2e circonscription en 2017.


30 Janvier 2017 02:25

Législatives 2017 - La liste des investis le 14 janvier 2017 à Paris © Compte Twitter de Brigitte Kuster investie dans le 17e arrondissement où elle est maire (la 4e circonscription)

Avant le 14 janvier

Comme l'aurait dit Thierry Roland, ces deux là ne partiront pas en vacances ensemble. Rachida Dati et Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) sont en conflit. L'animosité entre les deux femmes est grande. Le Canard Enchaîné a mis en lumière fin 2016 cet aspect en publiant des extraits d'une communication enregistrée dans laquelle Nathalie Kosciusko-Morizet explique sa technique en politique : il faut "étouffer", politiquement parlant, son adversaire. Il s'agissait en l'occurrence de Rachida Dati. 

Et voilà que le parti Les Républicains les met en compétition. Les deux femmes politiques se retrouvent adversaires pour une circonscription électorale. La 2e circonscription, celle de François Fillon candidat de la Droite et du Centre à l'élection présidentielle, est vacante. Elle est "réservée". Rachida Dati est candidate. Elle sait que cela implique de passer la main à la tête de la mairie du 7e arrondissement de Paris où elle a été réélue en 2014 et de quitter son siège de député européenne.

Nathalie Kosciusko-Morizet veut la place également mais son nom figure toujours pour la bataille dans le 11e circonscription de Paris : le sud du 6e arrondissement et le nord du 14e arrondissement où elle est élue depuis mars 2014. En 2012, le maire du 6e arrondissement Jean-Pierre Lecoq s'était présenté sans succès dans la 11e circonscription. Il avait été battu par l'ex-maire du 14e Pascal Cherki devenu le premier député socialiste du 6e arrondissement.

Après le 14 janvier

La liste du 14 janvier 2017 de la Commission nationale d’investiture des Républicains indiquait bien noir sur blanc que NKM est prévue pour affronter le socialiste Pascal Cherki dans la 11e circonscription, et "l'étouffer" sans doute par la suite. Le mardi 18 janvier 2017, la Commission se réunit une nouvelle fois et, surprise, les investitures ont changé. C'est maintenant officiel : la présidente du groupe Les Républicains au Conseil de Paris et candidate des Primaires arrivée en première position dans le gruppeto au 1er tour de la primaire de la droite et du centre (4,4 % des suffrages à Paris) est investie dans la 2e circonscription de Paris. 

Jean-Pierre Lecoq vient d'être de nouveau investi dans la 11e circonscription pour aller à l'Assemblée nationale alors qu'il souhaite finir sa carrière politique en qualité de sénateur. S'il réussit à déloger Pascal Cherki de la 11e circonscription, il devra quitter son siège de maire du 6e arrondissement qu'il occupe depuis 23 ans. S'il échoue, il pourrait être récompensé par une place éligible sur la liste LR pour les élections sénatoriales en septembre 2017, en mettant toujours un terme à son mandat de maire d'arrondissement. Aux sénatoriales de 2011, il figurait en 3e place sur une liste UMP dissidente menée par l'ancien conseiller du président Nicolas Sarkozy, le conseiller de Paris et sénateur Pierre Charon, longtemps ennemi de Rachida Dati.

Le parti Les Républicains aurait-il pu investir Rachida Dati dans la 2e circonscription ? L'histoire ne le dit pas. Nathalie Kosciusko-Morizet cachait en revanche de plus en plus mal sa volonté, après Longjumeau dans l'Essonne (91) où elle avait été élue député-maire, de s'installer dans le 5e, 6e ou 7e arrondissement de Paris. ​La 2e circonscription où la droite est majoritaire est une terre d'élection en or : particularité des élections législatives, les électeurs votent pour l'étiquette politique et non pour le nom ou les qualités et défauts supposés du candidat investi. 

Rachid Dati ne veut pas de NKM

Jean-François Lamour, député de Paris dans le sud du 15e arrondissement et responsable des investitures chez Les Républicains, explique qu'il y a eu un consensus sur le nom de Nathalie Kosciusko-Morizet. L'usage veut que c'est le candidat sortant qui fait une proposition ; "il n'y a pas de vote". Avis aux éventuel(s) candidat(s) LR dissident ou Divers Droite qui trouveraient que la nouvelle candidate n'est pas suffisamment à droite : le fauteuil de François Fillon de 2012 attend Nathalie Kosciusko-Morizet en 2017.

Rachida Dati ne l'entend pas de cette oreille et le fait savoir. Selon elle, il s'est passé quelque chose entre le 14 et le 18 janvier - mais quoi ? - d'où le changement de noms sur la liste. Sur France Info le 19 janvier 2017, au lendemain de l'officialisation de la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet dans son arrondissement, elle proteste avec vigueur en précisant qu' "il n'y a rien de personnel" dans sa démarche. Et à sa décharge, beaucoup d'élus parisiens n'en pensent pas moins.

Extraits de l'interview de Rachida Dati sur France Info le 19 janvier 2017 :

Législatives 2017 - Rachida Dati ne veut pas de Nathalie Kosciusko-Morizet sur ses terres.mp3  (1.07 Mo)



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Journaliste tahitienne. Formations universitaires modestes, en droit, en sciences sociales… En savoir plus sur cet auteur
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