Une maire LR aux méthodes contestées par des "putschistes"

VIIIe arrondissement de Paris, 23 mars 2016 (Paris Tribune) : les élus s'expliquent au conseil du 8e arrondissement


Jeanne d'Hauteserre, maire du 8e arrondissement, se bat pour rester maire jusqu'en 2020.


Elodie Châtrain
24 Mars 2016 00:00

La politique, c'est dur

En politique, les plus teigneux ont plus de facilités que les autres pour arriver à leur but. Il se trouve que dans le 8e arrondissement, ils semblent être plus nombreux qu'ailleurs, avec des personnalités très différentes et toutes très intelligentes. Ce n'est pas pour déplaire aux personnes qui assistent mois après mois aux conseils d'arrondissement car le spectacle et les réparties sont garantis. Et, comme dans les autres conseils d'arrondissement, le langage non-verbal en dit beaucoup plus que tous les discours.

Lors du conseil du 8e arrondissement qui se tient le mercredi 23 mars 2016, soit 8 jours après le précédent qui n'avait pas réuni le minimum requis d'élus exigé par la loi pour l'ouverture de la séance, l'ambiance est tendue et chacun tient à arborer une relative décontraction.

Les tensions remontent à la campagne électorale en vue des municipales de mars 2014. Jeanne d'Hauteserre, ancienne membre du bureau du précédent maire de 1977 à 2014, François Lebel (CNI), est devenue tête de liste à la faveur de la démission de Martine Mérigot de Treigny pour cause de stress et de pressions multiples.

A la tête de la mairie, elle veut imposer sa marque ; son style tranche avec celui de son prédécesseur. On lui reproche de ne pas s'opposer assez à la Maire de Paris, de retirer des délégations à ses adjoints, d'avoir des comptes-rendus de séance incomplets, et surtout d'exercer le pouvoir seule, en refusant de discuter de tous les sujets intéressant l'arrondissement, en réunion publique ou non, avec tous les élus.
 

Un édito ravageur

Paris Huitième - mars 2016 - Mairie du 8e arrondissement de Paris.
Dans un édito publié début mars 2016 dans le journal d'information de la mairie du 8e arrondissement, "Paris Huitième", les raisons du malaise remontant à mars 2014 sont expliquées au grand jour. La maire écrit :
 
"Sur fond de manipulations politiciennes et de campagne de déstabilisation, les "putschistes" d'avril 2014 (...) ont tenté, à nouveau, deux années après mon élection à la tête de cet arrondissement de me faire destituer de mon mandat de Maire élue démocratiquement.  (...) J'ai demandé solennellement aux protagonistes de ce putsch, de cesser instamment de menacer de représailles les fidèles membres de mon équipe qui refusent de démissionner du Conseil d'arrondissement du 8e".(...) Vous avez certainement suivi la campagne municipale de 2014 dont celle du 8e qui a été particulièrement violente. Suite aux fortes pressions extérieures auxquelles elle n'a pu résister, lors de la sélection de ses colistiers, Martine Mérigot de Treigny, alors tête de liste, a fait un "burn-out" (...) Finalement, j'ai été choisie pour mener la liste parce que "carénée" pour prendre des coups. (...) Par devoir, j'ai accepté de mener le combat, avec sur ma liste quelques colistiers(ères) que je n'avais pas choisis moi-même (...) j'ai donc été confronté à l'attitude hostile de certains(es), par jalousie, rancune ou inimitié. Oui, le monde politique est extrêmement violent et il faut savoir s'en prémunir (...)"

Jeanne d'Hauteserre, Edito "Ingérences et tentatives de déstabilisation : 2e échec !" 
Journal Paris Huitième, mars 2016.

Une maire à 100 %

La maire est en effet rompue aux batailles politiques, ayant été formée à bon école, auprès, notamment, de Gaston Flosse, maire, député puis président-sénateur de la Polynésie française. Les élus du 8e n'ont qu'à bien se tenir. La maire ira jusqu'au bout. Les élus l'ont bien compris mais ils espèrent néanmoins que celle-ci partagera les informations avec eux. Eux aussi sont des élus du suffrage universel, avec des compétences et une connaissance du terrain. Jeanne d'Hauteserre ne se dit-elle pas "Maire à 100 %", ayant refusé des propositions qui lui auraient été faites pour une investiture aux rendez-vous électoraux, passé, de 2015, et ceux, à venir, de 2017 ?

Lors du conseil du 8e ce 23 mars 2016, tous ont enterré la hache de guerre. Le calumet de la paix, ce sera pour une autre fois. Le député Pierre Lellouche qui semblait être dans le viseur s'est voulu rassurant : la maire ne doit craindre "aucun putsch" de sa part, il fait tout ce qu'il faut "pour apaiser" la situation. Le conseil de Madame la Maire s'est fini dans le calme. Peut-être demandera-t-elle conseil à Pierre Lellouche la prochaine fois avant de rédiger son édito.
 
Calumet de la paix traditionnel indien © itskatjas - Fotolia.com

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